Ce que tu sauras de moi...

▬ L'histoire d'Allyson Carter commença un beau matin de janvier 1987. Enfin, pour être précis, cette histoire avait commencé neuf mois plus tôt, mais ces premiers mois n'ont rien de vraiment important. Jill Carter, la mère d'Allyson était arrivée à l'hôpital général de San Francisco assez précipitamment, en voiture, ne s'attendant à accoucher qu'un mois plus tard. Mais Allyson en avait décidé autrement, et avait choisi de pointer le bout de son nez un peu en avance. Sam, le mari de Jill avait alors ironiser sur la future patience de la fillette. Il n'avait pas eu tort... Allyson fut l'unique enfant du couple, mais cela ne la gênait pas. Elle eut une enfance heureuse, durant laquelle elle ne manqua de rien. Et si elle avait, à une époque, espérer avoir un frère ou une sœur, elle avait vite compris que c'était impossible : Jill était bien retombée enceinte un an après la naissance de sa fille, mais ils y avait eu des complications. Non seulement elle avait fait une fausse couche, mais cela avait entraîné sa stérilité, au grand regret de Sam, qui, lui aurait préféré avoir une famille nombreuse. Mais le couple avait choisi de se contenter de ce que la vie avait bien voulu leur accorder, et de ne pas adopter d'autres enfants, pour ne se consacrer qu'à leur fille.
Non contente de n'avoir aucune patience, Allyson était une enfant qui ne savait pas rester en place une seconde. Il fallait qu'elle soit toujours occupée quelque part. Pour canaliser cette énergie, ses parents la firent essayer plusieurs sports. Elle s'essaya ainsi à la varappe, à la course, au saut en hauteur, au basket-ball, au tennis... Sans vraiment trouver ce qui lui plaisait. Ce ne fut que lorsqu'elle eut une dizaine d'années qu'elle s'inscrit à un cours d'arts martiaux. Et elle continua ce sport aussi longtemps qu'elle le put, et devint assez douée dans cette discipline. C'est d'ailleurs grâce à cela qu'un jour, elle aida un enfant que deux adolescents tourmentaient. Une fille, petit et fluette comme l'est Allyson, contre deux hommes, cela pouvait prêter à sourire. Et cela aurait du intimider la jeune fille, qui avait alors tout juste dix-sept ans. Mais elle n'avait pas vraiment réfléchi aux conséquences de son acte, et n'avait écouté que son instinct quand elle avait vu l'enfant se faire frapper. Si elle n'était pas exactement sortie victorieuse du combat, elle avait quand même réussi à décourager les deux voyous, qui s'en étaient allés, considérant que c'était moins amusant de frapper quelqu'un qui rendaient les coups. De cette expérience, Allyson ne garda que quelques hématomes et un œil au beurre noir qui ne fut pas aisé d'expliquer à ses parents. Mais ce qu'elle ne savait pas encore, c'est que l'enfant était destiné à devenir un fondateur, et que cet acte de courage et de bonté gratuite allait être récompensé, plus tard...
Son enfance et son adolescence furent paisibles, sans incidents particuliers. La jeune fille vivaient dans un milieu on ne peut plus humain, et comme beaucoup, ne se doutait pas qu'il existait un tout autre monde. C'était une adolescente normale. Certains diraient même insignifiante. Elle n'était pas du genre à se faire remarquer au lycée. Pas vraiment la popularité incarnée, elle n'était pas non plus de celles qu'on utilisait comme souffre-douleur. Elle était juste une fille moyenne, qui n'aspirait pas à plus qu'une vie normale. Le Destin peut parfois avoir beaucoup d'humour.
Après ses années de lycée, Allyson entama des études de communication. Elle n'était pas parmi les élèves les plus brillantes de sa promotions, mais se débrouillait pour réussir ce qu'elle avait à faire, malgré le fait qu'elle soit très - certains diront probablement trop - fêtarde. Il lui arrivait trop souvent d'arriver en cours, à la fac, après une nuit blanche, alors que bon nombre de ses camarades préféraient faire un choix entre la fête la veille au soir et les cours du matin. C'est durant sa dernière année d'étude qu'elle rencontra celui dont elle tomba véritablement amoureuse. Elle était certes sortie avec d'autres garçons auparavant, mais jamais elle n'avait aimé à ce point. Et, heureusement pour Allyson, cet amour était réciproque. C'est ainsi que, peu après avoir fini leurs études, Maël et Allyson emménagèrent ensemble.
Dans beaucoup de cas, lorsqu'un couple emménage ensemble, les deux individus apprennent rapidement les petits secrets l'un de l'autre. Dans beaucoup de cas, ils s'agit de choses insignifiantes. Mais, parfois, les choses sont autrement plus importantes. Et, ainsi, la vision du monde d'Allyson changea radicalement quelques temps après cet emménagement. Lorsque Maël lui apprit qu'il était un sorcier, la jeune femme passa par diverses phases : elle avait d'abord été persuadée que le jeune homme lui faisait une blague. Puis, lorsqu'elle s'était rendue compte que ce qu'il disaient était vrai, elle avait prit peur. C'est une réaction normale, humaine, dans ce genre de situation. Tout le monde qu'elle connaissait venait d'être bouleversé. Elle n'avait jamais cru en l'existence du surnaturel, car elle était du genre à vouloir une preuve pour chaque chose, à croire que chaque évènement avait une explication. Et, preuve à l'appui, on lui annonçait que la magie, les démons, les sorciers existaient. Et pourquoi pas les fées, tant qu'on y était ?
Elle mit du temps à accepter ce fait, mais, au final, cette révélation la rapprocha encore plus de Maël. Quelques années plus tard, le jeune homme demanda Allyson en mariage. La jolie blonde n'eut même pas besoin de réfléchir avant d'accepter. Mais, malheureusement, le mariage ne put pas avoir lieu. Seulement quelques jours plus tard, la jeune femme fut tuée par un démon qui venait s'attaquer à son fiancé.
L'histoire aurait pu s'arrêter là, mais quelqu'un en décida autrement. Le garçon qu'Allyson avait durant son adolescence était devenu, depuis, un fondateur et avait réussi à convaincre les autres que la jeune femme pourrait faire une excellente être de lumière. C'était pour elle une deuxième chance, une deuxième vie. Une vie qu'elle passerait à aider les autres. Évidemment, cette seconde vie devait être très différente de la première : elle était officiellement morte, ce qui signifiait qu'elle ne pouvait pas revoir ses parents, ni même Maël.
Elle était désormais une être de lumière depuis un an, et même si cette situation lui pesait parfois, elle faisait en sorte que personne ne s'en rende compte.